Vider mon sac

Lettre ouverte

Maman…

Je sais que tu ne liras jamais cette lettre, sauf si un jour je trouve le courage de te l’envoyer mais j’avais terriblement besoin de faire sortir ces mots, pour t’épargner…Encore une fois.
Tu as cinq enfant, et chacun d’eux ne pensent qu’à une seule chose : A toi.
Chacun d’entre nous à un moment donné dans sa vie s’est dit qu’il n’allait pas faire ces choix-là de peur de te blesser. J’ai longtemps été de ceux qui était de ton côté, parce que te voir pleurer me faisait souffrir, parce que t’entendre me raconter toute ces histoires avec papa était très difficiles à vivre mais aujourd’hui j’ai envie de te rappeler une chose : Où étais-tu quand j’avais mal ?

Tu as souvent reproché à papa de n’avoir jamais été là, et pourtant, adolescente, tu étais parfaitement au courant de ce que je pouvais subir à l’école et tu m’as laissé dans cette merde pendant quoi ? Quatre ans avant de décider de tout dire à papa, et ça, c’est seulement parce que tu t’es retrouvé au pied du mur.
Je t’entends encore me dire « ne dit rien à papa, il va se facher ». Oh bien sur tu me laissais parfois rester à la maison quand je te suppliais à genoux de ne pas me mettre à l’école mais…Concrètement…Qu’est-ce que tu as fait quand j’ai réellement eu besoin d’aide ?

Quand tu as appris ce que j’étais capable de me faire rien que pour me sentir un peu plus vivante, tu m’as dit engueulé, tu n’as pas essayé de comprendre ce qui pouvait se passer dans ma vie, dans ma tête, tu m’as juste regarder comme si tu avais honte, et encore une fois tu m’as dit « ne dit rien à papa… »

J’ai plongé au plus profond du trou, je t’ai demandé de l’aide, et ces crises, ces peurs, ce que je ne pouvais pas contrôler, tu m’as laissé là-dedans et aujourd’hui je suis encore à me battre contre ça ! Parce que ton unique et putain de conseil s’était « t’écoute trop ton corps !  » et bien aujourd’hui maman, écoute mon cœur…

Je t’ai toujours aimé, du plus profond de mon cœur, comme une mère peut aimer sa fille. J’ai tout fait pour toi, pour avoir l’impression que tu m’aimais autant que mon petit frère, pour avoir l’impression que toi aussi tu étais fière de moi, j’ai pris ton parti, j’ai haïs mon père et j’ai écouté chacun de tes déboires, je suis allé jusqu’à fouiller dans la vie privé de mon père pour t’offrir sur un plateau d’argent l’arme que tu pourrais abattre sur son crâne. Je t’ai défendu face à lui, j’ai soutenu, tout ça pourquoi maman ?

Quand mon ex est venu, alors que j’étais absente, pour m’insulter ouvertement de tous les noms…La seule chose que tu as faite ? Ca été de l’écouter, tu ne l’as même pas foutu dehors, tu l’as laisser dire, tu l’as laisser faire et pire encore maman…
Il est dans tes putains d’amis facebook maintenant…
Tu vas oser me dire que c’est « pour les jeux »  ?

Mais maman, tu ne pourrais pas te demander ce que ça me ferait de voir ça ?

Et quand il a continué son petit jeu en me taillant un costard à son boulot, que je me faisais insulté dans la rue par des salopes inconnues, tu m’as interdit de me défendre, interdit de porter de plainte…

Tu sais pourquoi maman ?
Parce que moi je sais pourquoi…

Parce qu’au fond de toi, tu te dis que j’ai mérité tous ces noms d’oiseaux, au fond de toi tu te dis « cette garce, elle ne vaut pas mieux que son père ».

Et si ce n’est pas le cas, alors merde, explique moi ce qu’il fout dans tes contacts ! Explique moi pourquoi tu n’as pas ouvert ta si grande gueule pour défendre ta fille ? T’es capable de l’ouvrir pour pourrir papa, t’es capable de l’ouvrir pour dire quand ça blesse une de tes filles, mais quand c’est moi…

Quand c’est moi, maman, t’oublie ce que j’ai fait pour toi, t’oublie mes « je t’aime », mes calins, t’oublie, et tu laisses dire…Parce que ça n’a pas d’importance de me faire mal.

J’ai essayé de rester neutre, j’ai essayé de laisser ça sur le côté, de ne rien dire, de me taire, mais quand je vois à quel point toute la famille est capable de se mettre en quatre juste pour ne pas te blesser alors qu’au contraire, il serait peut-être temps qu’on te file une claque à toi aussi, qu’on arrête de prendre tes pincettes avec toi, parce qu’après tout, c’est pas comme si t’en prenait avec les autres…

Une séparation propre…C’est comme ça que tu appelles ce qui se passe actuellement ?

On est juste au beau milieu d’un bombardement, où tu fais partie d’un camp, ou tu crève en silence…
Interdit de dire quoi que ce soit à maman…Elle est cardiaque, elle est fragile, on a qu’une maman…

On a qu’un père aussi ! Et plus que n’importe qui, tu devrais le savoir à quel point c’est difficile de grandir et de vivre loin de son père, alors ne demande pas à tes propres enfants de faire un choix. Si tu ne le demande pas implicitement, il suffit de voir la fréquence des nouvelles que j’ai de toi pour comprendre que visiblement, il vaut mieux ne pas avoir trop de contact avec papa pour avoir des nouvelles de toi.

Et quand je suis partie maman, dis-moi, ça t’a fait quelque chose ? Oh oui bien sûr que ça t’a fait quelque chose, la seule chose que t’ai retenue de moi c’était une chambre en désordre que j’avais laissé derrière, comme si c’était le pire des affronts.
Mais quand je suis revenu dormir pour mon anniversaire, pour les fêtes, le fait que mes frères m’ait laissé un dépotoir plein de pisse et de merde de chien comme chambre, ça, ça t’a fait ni chaud ni froid…

Non, je suis la pire des filles parce que j’ai laissé deux sac poubelles à descendre dans ma chambre, des sacs poubelles que tes fils auraient dû descendre avant que le chien ne les éventre mais là encore, c’est moi la fille, c’est à moi de nettoyer. Comme c’était à moi de nettoyer quand tu te cassais tous les week end chez ta sœur et l’ironie dans tout ça, c’est que quand je le faisais, ça ne te plaisait pas, alors que tes deux fils n’en foutaient pas un pour m’aider…Ah mais oui, j’ai oublié « tu fais la remarque à tout le monde », n’est-ce pas maman ? Pourtant tes yeux, ils n’ont regardé que moi pendant les kilomètres de reproches que tu as pu me faire…

Mais le plus drôle dans tout ça, c’est ton humour à deux balles. Faire croire que tu as trouvé quelqu’un dans ta vie, me le faire croire et ne jamais me dire que tout ça, c’était qu’une foutu blague…Tu sais maman, tout le monde a fini par le savoir, tout le monde sauf moi !
Et je vais te dire une chose maman…
Ça m’a pas fait rire, absolument pas…

Ça m’a fait mal…

Mais c’est toujours au cœur de maman qu’on pense…

Pourtant, j’aurai été tellement heureuse d’apprendre que tu reconstruisais doucement ta vie, j’aurais été heureuse de voir qu’enfin, tu tournais la page, que tu laissais toute cette merde derrière toi…Mais non, tout ça, c’était qu’une foutu blague.

Appelle moi quand je dois rire…

là j’ai juste envie d’hurler, de pleurer, de te demander ce que je t’ai fait au final…

On me demande souvent pourquoi je ne vais pas sur facebook, et il me suffit de moins d’un mois pour me rappeler les raisons pour lesquels je ne veux pas y mettre les pieds. Tu passes ton temps à laver ton linge sur internet, à la vue de tous tes putains de contact, je suis persuadée que même mon ex est plus au courant de ce qui se passe dans ta vie que moi…Ça te choque pas maman ?

Certain n’ont peut-être eut que « la moitié d’un père », oubliant ce que cette moitié à pu faire pour eux, crachant allègrement sur tout ça, mais moi, je n’ai toujours eut que la moitié d’une mère…

Et pourtant…

Je t’aime, je t’aime du plus profond de mon cœur, et que je hais cet amour que je te porte, encore aujourd’hui incapable de te dire tout ça, parce que je t’aime.
Il me suffit de penser au jour où tu as fait une crise cardiaque pour pleurer, parce que je sais qu’on a qu’une seule mère, parce que je t’aime et que je t’aimerais toujours, quoi que tu dise, quoi que tu fasse…

C’est ça qui est cruelle…

C’est que je t’aime…

Je suis désolé maman, j’ai jamais voulu te blesser, j’ai jamais voulu te faire pleurer, mais ce soir, je vide mon sac…